Ces épidémies qui marquent l’histoire
Le contexte actuel est l’occasion de se pencher sur le rapport que les sociétés d’Occident entretiennent avec les maladies et les épidémies. On peut évidemment penser à la peste noire qui tua 30 à 50 % des Européens entre 1347 et 1352, mais aussi au choléra, à la grippe espagnole, au SRAS et bien d’autres. Toutes ces maladies avaient leurs spécificités et marquèrent l’histoire à leur façon, que ce soit par leurs symptômes, leurs causes, leurs conséquences, ou simplement par la façon dont les sociétés s’organisèrent et vécurent leurs crises.
La Nouvelle-France ne fait évidemment pas exception. Provenant pour la plupart du temps de l’extérieur de la colonie, comme de la France ou des colonies anglaises, les maladies reviennent périodiquement. La société de la Nouvelle-France est notamment propice à la maladie du fait des problèmes d’hygiène publique et privée.
Il n’est, en effet, pas rare que dans les rues de Québec et de Montréal les détritus s’accumulent. Aux déjections des animaux, domestiques ou voués à la consommation, s’ajoutent ceux des humains. La qualité de la nourriture est problématique et les cours d’eau servent bien fréquemment de dépotoir et sont donc impropres à la consommation. L’hygiène personnelle est aussi déficiente : les habitants de l’époque sont souvent sales, leurs habitations mal nettoyées et la promiscuité des familles favorisent la transmission des maladies.
Plusieurs maladies infectieuses ou parasitaires ont cours en territoire de la Nouvelle-France, certaines bien recensées, d’autres non. Parmi elles, la variole est certainement l’une des plus importantes et entraîne plusieurs épidémies durant le 18e siècle. Ce sont notamment 1000 à 1200 habitants qui en décèdent lors de l’hiver 1702-1703, soit environ 80 décès par mille habitants de la colonie. Pour contenir ces épidémies, le gouvernement local ne peut compter que sur les rares médecins, les apothicaires, le personnel des institutions religieuse et médicale, ainsi que sur les chirurgiens. Ces derniers, comme Jean Mauvide, exerçaient souvent le rôle de médecins généralistes dans la colonie.
Difficile de terminer sur une note positive lorsque l’on parle d’épidémies de variole en Nouvelle-France. Toutefois, en ces temps qui marqueront l’histoire, gardez courage, restez solidaires et agissez de façon respectueuse et hygiénique.
Guillaume Boisjoli-Côté, historien
Manoir Mauvide-Genest
Pour en savoir plus :Rénald Lessard, Au temps de la petite vérole. Septentrion, 2012, 448 p."